ANIMA MUNDI Série - 2019. Graphite sur papier
Cette série de dessins est centrée sur le concept philosophique de l’Anima Mundi. Élément fondateur des religions animistes, on retrouve également ce système de pensée dans plusieurs traditions philosophiques orientales, tel le taoïsme. Platon en fait mention dans ses écrits, tandis que les philosophes stoïciens voient en elle une des forces vitales essentielles de l’univers. Selon ce principe, « L’âme du monde » anime tout l’univers matériel, organisant autant l’ensemble que toutes ses parties, et régulant le changement et le mouvement, l’ordre et le chaos. Suivant ce postulat, une connexion intrinsèque existe entre tous les êtres vivants de la planète.
La présente démarche questionne la notion précise d’interconnectivité entre nous, humains, et le reste du vivant. Si un lien fusionnel semble relier les entités humaine et animale dans les dessins, un élément de contradiction, marqué par l’absence du visage de la composante humaine, vient mettre en doute cette notion d’« âme » commune. En outre, un regard rapproché dans ce masque noir révèle la présence d’une multitude de lignes entrelacées, semblables aux graphies d’une écriture oubliée. Que dit ce langage crypté ? Que sont ces envahissantes interconnexions intérieures ? Ces lignes, sont-elles le reflet ou la cause de l’absence d’affinité entre cet être sans visage et le reste du vivant ? En somme, est-ce le concept de culture qui tourne le dos à la nature ? Cet antagonisme est accentué par le contraste manifeste entre la figure anthropomorphe dénuée d’expression et la grande expressivité de la partie animale, dont les référents formels ont été empruntés à la culture classique, berceau du terme même d’Anima Mundi.